Non, non, Mouton, je ne parle pas de toi, vieil ami qui tel l’étoile de David (héhé) me montrât en son temps le chemin des blogs et des littératures superfétatoires. Non, non, oui, je sais, j’en rajoute, mais que veux-tu, lecteur-e (j’insiste parce que lectrice ça irait mal dans la phrase, et puis comme il y a des auteur-e-s…) je suis de bonne humeur : aujourd’hui, cet après-midi, j’ai reçu un cadeau qui m’a vraiment, vraiment, fait plaisir.
Imagine la scène, lecteur-e : tandis que je réglais une situation de travail avec une cliente, dans mon magasin, enfin… celui qui m’emploie pour être plus clair, un autre client survient, s’approche, passe sur le côté de ma cliente et me fixe dans les yeux. Puis d’un air détourné, l’air de rien, sans air, il me glisse un sac de plastique entre les mains et s’excuse de n’être pas venu plus tôt me porter son cadeau en remerciement de mes services passés.
Et comme il est venu, il disparaît, me laissant sans voix face à ma cliente un peu exaspérée de s’être fait un peu reléguer au second plan. Une cliente qui d’ailleurs commençait à penser qu’elle avait mis les pieds dans un guet-apens organisé par ma direction afin de minimiser son impact, à elle. Évidemment, ce n’était pas le cas, mais elle l’a pensé, elle, l’infâme qui avait décidé de passer ses nerfs sur moi en ce beau lundi d’automne.
Dans mon dos, mon chef.
Attendu que le règlement du magasin stipule que nous ne devons pas accepter les pourboires et que nous devons plutôt soumettre les « cadeaux » à l’approbation de notre direction afin que celui-ci soit redistribué au personnel au prorata des heures travaillées. Attendu que la dernière fois qu’un client a généreusement récompensé mon travail d’un sac contenant 3 bouteilles de rouge et une boite de chocolats je l’ai remis à ma direction et je ne l’ai jamais vu redescendre du bureau de la coordonnatrice aux RH. Cette fois, pour moi, c’était clair : hop hop hop, dissimulation.
Mais, dans mon dos : mon chef.
Un petit tour de passe-passe exécuté avec maestria me permis de glisser le sac magique le long de ma hanche afin d’épouser la courbe de ma jambe. Une fois terminé le discours de la cliente antipathique, je me suis précipité dans le bureau en arrière afin d’y déposer mon trésor et de le dissimuler durablement aux regard aux aguets en le déposant entre deux boites en carton. Pauvre bouteille, quel destin ! Se retrouver ainsi aux côtés du menu fretin, pouah !
C’est ainsi que j’ai oublié le cadeau et que je suis parti travailler dans le laboratoire. Deux heures plus tard, un soubresaut de conscience me rappela sa présence et je couru à toute berzingue récupérer mon cadeau afin d’ôter à quiconque le plaisir de m’en priver. Tel un ninja de pacotille je franchis tous les pièges, je déjouai toutes les épreuves et la bouteille atteignit enfin mon coffre fort. Mon casier dans la salle des employés.
Ouf.
Et me voici, là, maintenant, dégustant mon Mouton-Cadet 2010 avec mon plat de pâtes-tomates-oignons à 10 balles.
C’est pas beau la vie ?
-Y
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